Myosite chez le cheval : comprendre et agir pour son bien-être
La myosite, aussi appelée “coup de sang” ou “maladie du lundi” et “rhabdomyolyse à l’exercice” par les vétérinaires, correspond à une affection musculaire fréquente chez les chevaux. Souvent impressionnante et source de stress pour les propriétaires, nous vous proposons dans cet article, de découvrir comment la reconnaître, pourquoi elle survient, et surtout comment la prévenir et la gérer au quotidien.
1. Qu’est-ce que la myosite ?
La myosite est une inflammation des muscles, comparable aux crampes musculaires que nous pouvons avoir. Elle est souvent causée par une inadéquation entre la ration et le travail, voire le stress. Certains chevaux sont génétiquement prédisposés à cette affection qui peut survenir plus régulièrement (forme chronique), on parle alors de PSSM (Polysaccharide Storage Myopathy) ou de RER (Recurrent Exertional Rhabdomyolysis). Les crises de myosites peuvent être plus ou moins sévères.
Symptômes caractéristiques d’une crise aïgue :
- Boiterie des postérieurs “à chaud” lors de crises moins sévères,
- Ou raideur musculaire marquée, cheval « figé » ou refusant de bouger, lors de crises plus sévères;
- Douleur visible à la palpation des muscles (souvent le dos et l’arrière-main).
- Transpiration abondante, voire tremblements musculaires visibles.
- Respiration accélérée et rythme cardiaque élevé.
- Urines foncées (teinte café) : Signe de dégradation musculaire.
2. Pourquoi survient-elle ?
La myosite résulte souvent d’une mauvaise gestion de l’alimentation et/ou de l’effort. Deux facteurs majeurs sont impliqués :
- Alimentation riche en sucres et amidons : Un alimentation trop riche favorise l'accumulation de glycogène dans les muscles et devient difficile à utiliser.
- Activité irrégulière : Des efforts trop intenses ou longs favorisent le surmenage musculaire ainsi que des reprises d’exercices trop violents à la suite de périodes de quelques jours de repos sont des causes régulières de myosites.
Notons aussi que la déshydratation peut favoriser l’apparition de crise de myosites, que nous pouvons observer plus fréquemment durant l'hiver lorsque l’eau devient trop froide et/ou gelée.
Il est important de distinguer les crises sporadiques, ou accidentelles, à la suite par exemple d’une reprise d’exercice trop intense après quelques jours de repos et les crises régulières ou chroniques qui peuvent être moins sévères mais récurrentes, et souvent liées à des facteurs génétiques.
La PSSM : une cause génétique fréquente
La PSSM est une maladie génétique causant une accumulation de façon anormale du glycogène dans les cellules musculaires qui les empêchent de fonctionner correctement. Certaines races comme le quarter horse, le selle français et certains chevaux de traits sont prédisposées. Les chevaux porteurs (diagnostiqués par test génétique) sont plus sensibles aux myosites, qui peuvent survenir même d’exercice légers.
Il existe d’autres maladies génétiques prédisposant aux myosites, comme la RER (Recurrent Exertional Rhabdomyolysis) qui touche particulièrement les chevaux de courses (pur-sang anglais et trotteurs) sensibles au stress.
3. Comment réagir face à une crise de myosite ?
En cas de crise :
- Stoppez l’effort immédiatement et mettez votre cheval au repos.
- Appelez votre vétérinaire pour qu’il confirme le diagnostic et soulage votre cheval.
- Hydratez correctement le cheval en lui donnant accès facilement à de l’eau propre et à température ambiante.
- Ne le déplacez pas, ne le douchez pas et ne le laissez pas manger en attendant l’avis du vétérinaire.
4. Comment prévenir les myosites ?
Pour prévenir les crises occasionnelles, Il est nécessaire d’adapter chaque exercice physique au cheval et à sa condition sportive sans négliger un bon échauffement et des temps de récupération après chaque effort. La ration doit aussi être adaptée aux besoins énergétiques du cheval et la mise à disposition d’une pierre à sel est conseillée.
La prévention pour les cas chroniques repose sur les deux piliers : l’alimentation et l’exercice régulier.
Adapter l’alimentation :
- Réduire les sucres et amidons : Privilégiez un foin pauvre en sucres (lessivé si besoin).
- Fractionner les repas et favoriser l’apport continu en fibres.
- Introduire des lipides (huile végétale) comme source d’énergie alternative.
- Complémenter en vitamine E et sélénium pour favoriser la récupération musculaire.
- Apporter des protéines de qualité (lysine) pour soutenir les fibres musculaires.
Mettre en place un exercice adapté :
- Régularité avant tout : un travail quotidien, même léger (10-15 min), est indispensable.
- Éviter les périodes d’inactivité prolongées, surtout après un effort intense.
- Après une crise, reprendre l’activité de façon très progressive (débuter par 5 minutes).
- Favoriser une vie au pré ou au paddock pour encourager le mouvement continu.
Maintenez un environnement calme et sans stress pour éviter les facteurs aggravants.
En résumé
La myosite chez le cheval est une affection sérieuse mais évitable grâce à une gestion rigoureuse de l’environnement, l’alimentation et l'entraînement. En cas de doute, consultez toujours votre vétérinaire pour établir un diagnostic précis et mettre en place un protocole adapté.
Pour aller plus loin : Ecoutez les podcasts de Santé Cheval et téléchargez les deux fiches pratiques sur la PSSM pour apprendre comment adapter le quotidien et favoriser le bien-être des chevaux souffrants de PSSM !